Nouvelles
Je veux devenir écrivain. Je le sais depuis que je suis en âge de comprendre ce que c'est qu'un métier, ce que c'est qu'un écrivain et comment on tient un crayon. Je le sais depuis que je suis en âge de comprendre pourquoi on raconte des histoires aux enfants et comment on fait pour en ficeler de nouvelles. Je le sais depuis que je récolte soigneusement tous les jolis cahiers et carnets que je peux trouver, que je les empile dans mes tiroirs et que je les remplis de projets successifs, aux différents âges de ma vie : contes, poèmes, paroles de chansons, d'innombrables débuts de romans et une quantité tout à fait satisfaisante de nouvelles.
De temps à autre, je prends une sorte de bonne résolution du genre Allez, cette fois je m'y mets, avant la fin de cette année je boucle un manuscrit et je commence à le proposer. Ce n'est pas tout, je vais avoir 26 ans dans un mois et si j'attends d'avoir fini ce que j'ai à faire en urgence avant de me lancer, ça n'arrivera jamais.
A l'heure actuelle, j'ai neuf nouvelles terminées et une sur le feu, plus un roman en route et une foultitude d'idées consignées méthodiquement dans mon carnet du moment et qui verront peut-être le jour, ou peut-être pas. Quand je dis "terminées", je ne veux pas dire que mes nouvelles peuvent être montrées telles quelles mais que j'ai fini d'en dérouler l'intrigue. Il faut ensuite, bien entendu, les reprendre sans cesse, les peaufiner, les revoir, changer ici un mot, là la place d'une virgule, effacer une phrase au début et ajouter un paragraphe à la fin, mais dans l'ensemble, elles sont terminées.
Mais si je me livre à un rapide état des lieux (excusez l'expression, souvenez-vous que je m'apprête à déménager), je constate que sur les neuf + une = dix nouvelles susceptibles de figurer dans un recueil d'ici quelques mois*, il y a :
un suicide
trois homicides volontaires
un canicide (= meurtre d'un chien) volontaire
un homicide involontaire (qui risque de rejoindre le nombre des homicides volontaires, je n'ai pas encore décidé)
un accident de voiture mortel
cinq chagrins d'amour
un départ définitif
quatre séparations douloureuses
un couple voué à s'auto-détruire.
Je me demande si ça ne fait pas un tout petit peu beaucoup.
Finalement, mon idée de commencer par la littérature à l'eau de rose pour adolescents n'est peut-être pas complètement à jeter.
Photo : Heart-Breakers
* NB. Souvenir d'une phrase de Maïa Mazaurette, dans Nos amis les hommes, je crois, à moins que ce ne soit dans son défunt blog :
"Aujourd'hui, plus personne ne publie le recueil de nouvelles d'un parfait inconnu."
Bon. Dont acte.